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C'est pas mon idée !

samedi 31 janvier 2015

Banques et bitcoin : je t'aime… moi non plus

Bitcoin
Seulement 6 ans après sa naissance, le Bitcoin est en passe de devenir un cas d'école de l'innovation dans le secteur financier. Entre les réactions de rejet de certaines et les initiatives actives des autres, les stratégies des banques sont décidément variées. L'actualité récente procure 3 exemples couvrant l'ensemble du spectre…

Pour commencer par le plus « choquant », attardons-nous un instant sur les commentaires de Greg Baxter, responsable de la stratégie « digitale » de Citi, recueillis lors d'un symposium interne sur l'argent numérique. Se gaussant des volumes d'échanges et soulignant la chute du cours du Bitcoin en 2014, il est prompt à affirmer que la crypto-devise n'a aucun avenir, d'autant plus que, selon lui, les « mineurs » qui permettent au système d'opérer n'auront bientôt plus d'incitation économique à le faire.

Malheureusement, la dernière partie de son raisonnement est fausse (le protocole mis en œuvre garantit que le minage peut rester mécaniquement profitable) et, si elle pouvait être admissible de la part d'un banquier, la méconnaissance du sujet qu'expose cette erreur est impardonnable de la part d'un patron du « digital ». Quant aux secousses que connaît le marché du Bitcoin, quoi de plus normal au vu de sa jeunesse et de sa taille actuelle ? Est-ce une raison suffisante pour rejeter tout son potentiel ?

En réalité, cette attitude démontre avant tout le manque total de vision des acteurs historiques. Dans le cas de Greg Baxter, cet aveuglement ressort nettement quand il déclare que les systèmes de paiement actuels sont déjà très peu coûteux, suggérant de fait qu'une solution alternative n'a aucune chance de survivre. Non seulement il ne réalise pas que ce qui paraît bon marché à la banque ne l'est certainement pas pour ses clients mais il néglige également tous les autres points forts du Bitcoin.

Au moins, l'association des banquiers britanniques (en collaboration avec le conseil des paiements) a une perception plus éclairée de la question lorsqu'elle répond [PDF] à une consultation du gouvernement britannique. Malheureusement, sa position n'est pas très éloignée puisqu'elle considère que les mécanismes en place (surtout le système « Faster Payments ») sont tout aussi performants, en termes de coûts et de rapidité de traitement des transactions (ainsi que de non répudiation).

Coinbase Exchange

En revanche, elle explicite avec force détails les risques encourus à laisser se développer une devise « digitale », si elle n'est pas soumise aux mêmes réglementations et contrôles que les monnaies fiduciaires. Et de conclure que le gouvernement doit imposer des conditions extrêmement strictes aux opérateurs de Bitcoin mais qu'il devrait rester bienveillant à l'égard de la « blockchain » qui constitue le fondement technique de la crypto-monnaie. En filigrane, le document reflète une volonté manifeste de s'approprier les bonnes idées mais de tuer dans l'œuf toute concurrence possible.

Enfin, il existe une catégorie d'institutions financières qui comprennent les enjeux et n'hésitent pas à s'engager concrètement pour ne pas rester à la traîne dans la révolution numérique en cours. Parmi elles, figurent (sans surprise, finalement) l'américaine USAA et l'espagnole BBVA qui, aux côtés de l'opérateur de marché NYSE et de plusieurs fonds de capital risque, participent à un tour d'investissement record de 75 millions de dollars dans la jeune pousse Coinbase. Une première pour des banques !

Il n'est pas question ici d'expérimenter avec la « blokchain » et sa technologie de grand livre comptable distribué, l'objectif est bel et bien de contribuer au développement de la crypto-devise Bitcoin, à travers les différents produits de la startup, porte-monnaie virtuel pour les consommateurs, solution de paiement pour les commerçants, outils pour les développeurs… L'ouverture d'une plate-forme réglementée de change aux États-Unis est une confirmation supplémentaire, s'il était nécessaire, du positionnement de Coinbase.

Incantation et protectionnisme ne sont certainement pas les meilleurs moyens pour les banques d'appréhender l'innovation dont, pourtant, elles se réclament toutes. A minima, elles seraient avisées d'étudier en détail les idées émergentes. Mais non, la plupart d'entre elles continuent de penser que leur supériorité est absolue et éternelle. Pour elles, le Bitcoin est un gadget en comparaison de leurs « vraies » solutions (de celles qui visent une échéance à 10 ans pour déployer un système de paiement « plus rapide »).

Or, comme on l'a vu dans d'autres secteurs économiques, le dédain vis-à-vis des nouveautés disruptives est le plus sûr chemin vers la déroute

vendredi 30 janvier 2015

ZenBanx, la banque des citoyens du monde

ZenBanx
Au cœur de la révolution numérique, le secteur financier est propice à l'émergence d'une nouvelle génération de startups, qui, profitant de la relative facilité avec laquelle il est possible de créer une banque aujourd'hui, viennent attaquer les institutions historiques sur les segments de marché peu ou mal servis par ces dernières.

Une illustration récente de cette tendance nous est donnée par ZenBanx. Imaginée par un ancien PDG d'ING Direct, cette jeune pousse vient de lancer son offre au Canada – en attendant une ouverture prochaine aux États-Unis puis, potentiellement, dans d'autres pays – afin de répondre aux attentes des consommateurs du monde globalisé. Pour ce faire, elle porte la vision de services financiers capables de traverser les frontières aussi facilement et économiquement que cela est désormais possible pour les individus.

En pratique, le compte mobile ZenBanx permet à ses clients de détenir des fonds dans 5 devises différentes, sélectionnées parmi les 9 supportées (dollar américain, canadien et australien, livre sterling, euro, roupie indienne, yen…). L'application pour smartphone qui constitue le cœur de la solution permet d'opérer les transferts internes et, surtout, d'envoyer simplement et à moindre frais (gratuitement à l'intérieur du Canada) de l'argent à des correspondants situés jusqu'à l'autre bout de la planète.

Page d'accueil ZenBanx

Le compte ZenBanx peut être alimenté à tout moment, soit par un dépôt de chèque à distance (il suffit alors d'en prendre une photographie recto-verso), soit, plus prosaïquement, par virement. Pour en faire un peu plus qu'un outil uniquement réservé aux transferts internationaux, les clients peuvent également obtenir une carte de débit. Cependant, celle-ci ne permet pas, à l'heure actuelle, d'accéder aux différentes devises gérées. Par ailleurs, le statut bancaire de l'établissement place les dépôts sous la couverture de la garantie réglementaire canadienne (à hauteur de 100 000 dollars).

En synthèse, l'offre ZenBanx ne propose donc rien d'extraordinaire, mais elle apporte une réponse originale aux besoins des nombreuses personnes qui doivent régulièrement envoyer de l'argent dans le monde entier, enfants qui étudient à l'étranger, famille restée dans le pays d'origine, amis et relations en déplacement… Si, tout de même : bien que qualifiée de startup, il faut noter que la nouvelle venue est en réalité opérée sous l'égide d'une « credit union » tout à fait traditionnelle (dont elle est même une filiale). Les néo-banques ne sont pas l'apanage exclusif de trublions venus de nulle part…

jeudi 29 janvier 2015

En Chine, Big Brother s'appelle Alibaba

Ant Financial
Les nouvelles techniques d'analyse de données suscitent parfois des sueurs froides, tant leurs usages semblent rapidement dépasser les cauchemars les plus fous de George Orwell. Le lancement d'une véritable agence de scoring par le géant chinois du commerce électronique – et, de plus en plus, des services financiersAlibaba soulève une question angoissante : n'aurons-nous bientôt plus aucune vie privée ?

La tendance est esquissée depuis longtemps, avec des startups telles que Kabbage, OnDeck, Kreditech ou Lenddo, qui étudient à la loupe les comportements en ligne des consommateurs et des entrepreneurs pour déterminer leur fiabilité potentielle d'emprunteurs. Des solutions plus récentes, à l'image de Hello Soda, ont depuis commencé à aborder d'autres domaines que le crédit afin, notamment, de lutter contre la fraude dans les jeux en ligne ou l'assurance. Et, visiblement, ce n'est qu'un début.

Fort des plus de 300 millions d'utilisateurs de ses services de e-commerce et des 37 millions de PME qui achètent et vendent leurs produits sur ses différentes plates-formes, Alibaba dispose d'un trésor d'informations (de « big data », ou mégadonnées) qui en fait un candidat naturel à pénétrer ce marché. Sa nouvelle solution Sesame Credit va donc exploiter cette masse de données – en complément d'instruments plus classiques – pour fournir un service de scoring particulièrement riche à toute entreprise intéressée.

Les premières applications envisagées concernent le secteur financier et les millions de personnes et d'entreprises qui, faute d'historique bancaire n'ont pas aujourd'hui accès au crédit. Grâce à l'analyse de leurs achats et ventes sur le web, de leur utilisation de leur porte-monnaie virtuel (Alipay), de leurs habitudes de paiement, de l'évolution de leur profil personnel (stabilité de l'adresse et du numéro de téléphone mobile enregistrés, par exemple), de leurs interactions avec leurs amis et relations…, les algorithmes de la société vont pouvoir suppléer à cette carence et établir un score de crédit fiable.

Cependant, la vision de Sesame Credit va bien au-delà. Le service pourrait être mis à la disposition non seulement d'établissements financiers mais également d'entreprises en tout genre (surtout dans le commerce B2B) qui souhaitent s'assurer de la solidité d'un fournisseur ou d'un client. Pire, ce qui peut réellement inquiéter, ce sont les quelques scénarios d'usage suggérés : contrôle du locataire par le propriétaire d'un logement, vérification des candidats au recrutement… Un test est même en cours sur un site de rencontres, dont l'objectif est de permettre de filtrer les prétendants selon leur score !

Certes, Alibaba insiste sur sa préoccupation constante en matière de protection de la vie privée. Ainsi, les données collectées ne le sont qu'avec l'accord explicite de l'utilisateur, elles sont chiffrées, isolées et soigneusement sécurisées. Surtout, le score de crédit ne peut être partagé avec un tiers qu'après autorisation de la personne ou de l'organisation concernée. Hélas, que vaudra cette garantie lorsque les propriétaires, les employeurs, les entreprises… en exigeront l'accès avant de conclure une transaction ?

Qu'un acteur comme Alibaba développe une activité de scoring est parfaitement logique, car son hégémonie – sur le marché chinois – et sa double activité – dans le commerce de détail et dans les services financiers – lui offrent un avantage exclusif. En revanche, sans même entrer dans le débat de la protection de la vie privée, cette domination écrasante est également ce qui rend la vision de Sesame Credit dangereuse, susceptible de faire de sa solution un instrument obligatoire d'inclusion sociale (plus que financière), générateur de nouvelles formes d'inégalités.

Siège d'Alibaba à Hangzhou

mercredi 28 janvier 2015

Les robots s'emparent de la finance participative

LendingRobot
Il n'est de plus sûr signe de l'arrivée à maturité d'un concept (financier ou autre) que de voir émerger des solutions qui en dérivent. Après la naissance d'un premier comparateur d'offres il y a 2 mois, l'apparition de la plate-forme d'investissement algorithmique LendingRobot confirme donc le statut solide de la finance participative.

Initialement, ses concepteurs ont développé cette technologie pour leurs propres besoins, après avoir constaté que, sous l'effet d'une popularité croissante, y compris parmi les investisseurs institutionnels, les demandes de prêt les plus intéressantes – en termes de rendement et de sécurité potentiels – publiées sur les sites leaders du crowdfunding étaient souscrites en quelques secondes, ne laissant aux particuliers que les miettes du marché. De toute évidence, les professionnels étaient déjà passés à la vitesse supérieure, et à l'automatisation de leurs interventions.

Partant de ce constat, le service de LendingRobot est conçu pour proposer aux particuliers des moyens identiques à ceux des spécialistes et leur redonner ainsi une place dans la course aux « bonnes affaires ». Dans une moindre mesure, notamment parce que Lending Club dispose lui-même d'une option d'investissement automatique (sommaire), son objectif est également de soulager les épargnants de la gestion quotidienne de leur portefeuille, d'autant plus lourde que la diversification est une composante essentielle d'une stratégie de minimisation des risques.

Machine-Based Investing

En pratique, le nouvel inscrit va d'abord fournir ses codes d'accès aux services de crowdfunding sur lesquels il souhaite intervenir (les 2 plus importants, aux États-Unis, sont actuellement supportés : Lending Club et Prosper) puis définir ses critères d'investissement, soit en choisissant parmi les 3 modèles standards de LendingRobot, soit en fixant ses propres règles sur la vingtaine de paramètres disponibles (objet du prêt, popularité, score de risque, qualité évaluée…), auxquels s'ajoute (naturellement) le montant maximal à apporter à chaque opération.

Dès lors, les algorithmes de la startup vont surveiller les sollicitations de prêt au fur et à mesure de leur mise en ligne, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, et investir dans celles qui correspondent aux critères de l'utilisateur (si sa réserve de liquidités est suffisante), dans la seconde qui suit leur publication. Un espace privé permet de suivre en permanence l'état du portefeuille et un message quotidien récapitule les opérations réalisées. Le service est rémunéré par une commission directe, à hauteur de 0,45% de la valeur détenue en compte (au-dessus des premiers 10 000 dollars).

La vision de LendingRobot répond probablement à un vrai besoin, pour lequel la croissance actuelle du marché du crowdfunding laisse entrevoir une opportunité sérieuse, même si elle peut paraître marginale aujourd'hui. Dans un tout autre registre, cette initiative illustre avec éclat l'avantage que procure la créativité des acteurs de la « FinTech », lorsqu'ils peuvent développer de nouveaux services basés sur des solutions existantes. Les institutions financières historiques devraient en prendre de la graine…

mardi 27 janvier 2015

Apple Pay : fraude record, les banques accusées

Apple Pay
Lorsque Apple annonçait son porte-monnaie mobile en septembre dernier, une de ses armes de séduction était le surcroît de sécurité qu'il apporte aux paiements, grâce à plusieurs innovations bienvenues. Quelques mois plus tard, il s'avèrerait que, au contraire, la fraude atteigne des niveaux catastrophiques… À qui la faute ?

L'alerte est donnée par un consultant d'Experian, dans son blog « Drop Labs ». Selon lui, tandis que les outils et bonnes pratiques de protection déployés par les émetteurs de cartes leur permettent de limiter les taux de fraude aux alentours de 0,10% (soit 10 cents de perte pour 100 dollars traités), la solution Apple Pay semblait – après un mois d'existence – être beaucoup moins performante (avec un pic identifié jusqu'à 6% !). Pourtant, les observateurs s'attendaient raisonnablement à une amélioration sensible de ces scores, espérant descendre à 0,02 ou 0,03%.

Y aurait-il donc un défaut majeur parmi les précautions mises en œuvre par le constructeur à la pomme ? A priori, non : les faiblesses connues de la lecture d'empreinte digitale TouchID ne sont pas (pour l'instant) exploitées massivement, les interfaces sans contact (NFC) continuent à résister aux attaques vraiment dangereuses, les données stockées sur le téléphone ou sur les serveurs d'Apple sont toujours en sécurité et la « tokenisation » des transactions remplit parfaitement son rôle. En fait, la faille, béante, se situe dans l'enrôlement des nouveaux utilisateurs.

Apple Pay - More Secure Payments

En effet, fidèle à son habitude, Apple a voulu rendre l'expérience la plus simple possible. Pour se lancer, il suffit à l'utilisateur de saisir les informations de sa carte – voire de les capturer via une photographie – puis de fournir le code de sécurité qui se trouve au dos. Malheureusement, le web souterrain regorge de sites sur lesquels il est facile d'acquérir des données complètes, par exemple volées à l'occasion d'une intrusion informatique, qu'il suffit de reporter sur un iPhone 6 pour obtenir immédiatement un moyen de paiement valide, prêt à l'emploi, parfaite réplique virtuelle de la carte originale.

Apple n'est cependant pas le premier coupable, car, réalisant le risque encouru (quoiqu'un peu tardivement), la société a rendu obligatoire une étape supplémentaire d'authentification du porteur, dont elle accompagne la mise en place, mais qui reste (inévitablement) à la charge des émetteurs. Ce sont en fait les procédures de ces derniers – trop faciles à tromper – qui sont directement à blâmer. En particulier, les banques qui ont délégué cette tâche à leurs centres d'appel paraissent être les plus vulnérables, leur méthodes de contrôle d'identité étant déficientes.

Les raisons invoquées pour expliquer cette négligence ont une certaine logique, entre complexité (et les délais subséquents) d'une intégration sécurisée de l'activation dans l'application mobile de la banque et exigence de simplifier l'expérience pour le consommateur (notamment lors de la découverte des nouveautés d'un iPhone tout juste déballé, avant l'installation d'une app quelconque). Hélas, ce sont des arguments qui ne devraient jamais mener à des compromis sur la sécurité. La réalité rattrape aujourd'hui cruellement ceux qui ont oublié ce principe élémentaire.

lundi 26 janvier 2015

Une vision pour la technologie dans la banque

Bank of America
En route pour le Forum Économique Mondial à Davos, Cathy Bessant – directrice des technologies et des opérations de Bank of America – présentait, dans un court texte publié par le site American Banker, une vision pleine de pragmatisme sur le rôle des technologies dans les entreprises, notamment du secteur financier.

Premier point de sa proposition, le DSI ne peut plus se contenter de maîtriser l'informatique. Sa mission a définitivement basculé sur l'écoute et la compréhension des problèmes et besoins des « métiers », dont il devient un véritable partenaire. Son objectif est de leur apporter une réponse pertinente grâce aux outils dont il dispose. Si la technologie est le cœur de l'activité, elle doit impérativement se mettre au service des clients et non rester tournée vers elle-même comme il arrive encore trop souvent.

Dans la même logique, il serait temps (enfin !) d'arrêter de croire aux solutions magiques, une étrange maladie qui touche tant de responsables (informatiques ou métier), répétant sans arrêt les mêmes erreurs en dépit d'expériences malheureuses. Les solutions auxquelles nous avons accès aujourd'hui sont extraordinaires mais elles n'apportent de valeur que si elles sont appliquées à la satisfaction d'un besoin réel, à l'amélioration du service rendu aux clients, à la simplification des processus…

Déclinée sur les « big data », cette recommandation se traduit plus concrètement par l'impératif de faire la part, clairement, entre les usages des données qui peuvent paraître intéressants et ceux qui ont un impact opérationnel avéré. Les excès de focalisation sur la théorie conduisent trop facilement à une dispersion des efforts, dont les résultats seront alors bien peu productifs. Le raisonnement est identique pour le « cloud computing » : la priorité du DSI est d'offrir une infrastructure agile, permettant aux créatifs de s'exprimer et de développer leurs idées dans les meilleures conditions.

Enfin, en reprenant un peu de recul, Cathy Bessant voit le monde numérique devenir chaque jour plus complexe. Elle suggère donc que l'innovation est un instrument critique qui doit servir à contrebalancer cette tendance, en rendant la complexité simple à appréhender (et en la faisant oublier). Foin de gadgets brillants plus ou moins utiles ! La première cible à atteindre est de rendre la vie quotidienne – des clients, naturellement, mais également des collaborateurs – plus facile !

A leur lecture, ces 5 conseils peuvent sembler triviaux. Pourtant, combien de DSI et autres dirigeants, dans les institutions financières et ailleurs, sont encore coupables des travers qu'ils font ressortir en négatif ? Quelles entreprises peuvent se vanter de posséder une vision aussi claire et pragmatique pour leur stratégie « digitale » ?

Cathy Bessant (Bank of America)

dimanche 25 janvier 2015

Épargne locale et transparente au Crédit Coopératif

Crédit Coopératif
Parce que la troisième révolution industrielle, qui se déroule sous nos yeux, impose de nouvelles manières d'appréhender les grandes questions économiques et sociales, le Crédit Coopératif et la Chambre de Commerce et d'Industrie Nord de France lancent un livret d'épargne [PDF] original, fondé sur la proximité et la transparence.

La période que nous vivons actuellement voit la convergence d'une transformation irrémédiable de nos modèles de gestion de l'énergie (notamment pour des raisons environnementales) et de l'émergence d'un univers numérique ultra-connecté et dominé par les technologies, justifiant la caractérisation de troisième révolution industrielle. Afin d'accompagner au mieux cette transition, il faut donner aux entreprises (historiques ou naissantes) les moyens de réaliser leur mutation dans les meilleures conditions.

Il s'agit précisément de l'ambition de la CCI Nord de France. Cependant, un tel programme doit lui-même s'inscrire dans une approche adaptée aux nouvelles exigences du monde numérique. C'est la raison pour laquelle le Crédit Coopératif a choisi d'adopter les « codes » du crowdfunding avec le livret « Troisième Révolution Industrielle » qu'il a conçu dans le but de porter cette vision, aux côtés d'autres modes de financement, plus classiques. La banque parvient même à dépasser les pionniers, par certains aspects !

Au premier abord, le produit proposé aux consommateurs et aux associations (qui représentent une clientèle privilégiée de l'établissement) n'est pas particulièrement attractif, avec un taux de rémunération modeste (1,75% sur les 1 500 premiers euros, puis 0,8% au-delà). En réalité, sa véritable valeur est dans l'engagement citoyen que constitue cette épargne, qui sert exclusivement à financer – à des conditions avantageuses – des initiatives locales dans des domaines tels que l'efficacité énergétique, la construction durable ou l'économie circulaire.

Livret Troisième Révolution Industrielle

Mais ceci ne suffit pas à faire du livret du Crédit Coopératif une offre distinctive, en comparaison des quelques solutions concurrentes existantes (par exemple dans les Caisses d'Épargne). En l'occurrence, l'institution franchit un pas supplémentaire important en matière de transparence. En effet, si le client n'a pas le loisir – comme sur une plate-forme de crowdfunding – de sélectionner lui-même les projets qu'il souhaite financer, il recevra régulièrement une information détaillée sur ceux qui seront retenus et il aura l'opportunité d'en rencontrer les responsables, à l'occasion d'événements annuels.

Le livret « Troisième Révolution Industrielle » peut donc être considéré comme un véritable produit de finance participative, grâce auxquels les épargnants choisissent d'agir concrètement pour l'économie (d'avenir) de leur région et d'en suivre les évolutions au plus près, dans la durée. Ils bénéficient de surcroît d'une garantie totale sur leurs dépôts – qui restent entièrement disponibles, incidemment – et d'une relation de proximité exceptionnelle avec les porteurs des projets auxquels ils contribuent.

La valeur de la démarche n'a pas échappé à un observateur éclairé : le célèbre économiste Jeremy Rifkin en personne en a honoré le lancement de sa présence et ne tarit pas d'éloges à son égard. Et elle démontre brillamment que les startups du crowdfunding n'ont pas l'exclusivité de l'innovation : les banques traditionnelles (pour autant que le Crédit Coopératif puisse être ainsi qualifié) sont également capables de créer les solutions qui répondent aux attentes de notre monde en mutation.

samedi 24 janvier 2015

La résurrection de Microsoft ?

Microsoft
Depuis quelques mois, beaucoup d'observateurs commencent à considérer que Microsoft vit actuellement un moment décisif de son histoire, qui verra l'éditeur entrer dans une phase de lent déclin ou, au contraire, rebondir dans le monde numérique moderne. La présentation de ses nouveautés pour 2015 permet-elle d'affiner le pronostic ?

Pour le savoir, examinons en détail le contenu des annonces, en passant en revue, successivement, Windows 10, Surface Hub et HoloLens (la vraie surprise du lot), les 3 composantes qui feront l'avenir de l'entreprise selon son patron, Satya Nadella. Sans totalement déflorer le sujet, précisons d'emblée que l'enthousiasme quasi-généralisé de la presse et des analystes (par exemple de Forrester) ne semble pas entièrement justifié et qu'un regard critique n'est peut-être pas inutile…

Windows constitue le socle essentiel du modèle économique de Microsoft, aussi, après l'échec – désormais avéré – des versions 8 et 8.1, la prochaine itération représente-t-elle un enjeu absolument décisif : si Windows 10 ne séduit pas les entreprises et les particuliers, la survie deviendra problématique. Alors, quels sont les arguments mis en avant pour réussir ce pari ? Une série d'évolutions plutôt mineures, une expérience utilisateur similaire sur tous les appareils et la gratuité. Sérieusement ?

Je n'ai pas réalisé d'enquête scientifique sur le sujet, mais, apparemment, la plupart des réfractaires aux récentes moutures du système d'exploitation lui reprochent son interface déroutante. Ce n'est certainement pas en restaurant le menu « démarrer » et en corrigeant (enfin !) quelques défauts sur celle-ci que ce sentiment va évoluer en profondeur. Le nouveau navigateur web, qui, pour l'essentiel, essaie de faire oublier les plaisanteries éculées à propos d'Internet Explorer et revient tout juste au niveau de la concurrence, risque de ne pas être plus convaincant.

Un seul système d'exploitation et une expérience unifiée pour tous les écrans (PC, tablette, smartphone, internet des objets et même la console de jeux Xbox) ? Après tant de tentatives – toutes soldées par des échecs – avec une telle stratégie, il est incompréhensible qu'elle puisse encore être élargie ! Le message est pourtant clair : les utilisateurs n'ont que faire d'une expérience identique, ils demandent avant tout des outils simples, optimisés pour chaque appareil et son contexte d'usage. En la matière, Apple donne l'exemple…

Avec une pointe de cynisme, on pourrait dire que Microsoft ne croit pas beaucoup à sa solution puisque la mise à jour sera offerte gratuitement pendant un an (et probablement au-delà). Certes, il s'agit là d'un moyen d'inciter les consommateurs à donner une chance à un système différent, devant lequel ils hésitent. Mais le geste n'est-il pas désespéré ? En tout état de cause, il ne facilitera pas la migration dans les entreprises, pour lesquelles le coût du changement restera un frein majeur.

Microsoft HoloLens

Vient ensuite Surface Hub, dont le nom est déjà presque synonyme de flop ! Au début, il y a eu la table Surface, définitivement perdue pour la postérité, suivie par la tablette, dont les ventes ne sont pas florissantes, dans un marché global qui serait, au mieux, stagnant. Cette fois, c'est une combinaison de tableau blanc numérique, d'écran interactif et d'interface de visioconférence qui reprend le flambeau du nom maudit. Un produit techniquement intéressant, visiblement, même s'il n'a rien de révolutionnaire.

Mais que diable vient faire Microsoft dans une telle niche ? Alors même qu'une bonne partie de ses aventures dans le matériel n'a jamais donné de résultats probants, qui peut croire à ses chances de s'imposer dans un domaine où les acteurs spécialisés sont nombreux et sont déjà bien implantés chez les utilisateurs potentiels de ce genre de systèmes (destinés à des usages professionnels) ?

Enfin, il reste HoloLens et le soi-disant avenir holographique de Windows 10 (il n'y a, en effet, pas le moindre soupçon d'holographie dans la technologie en question). Chaussez une paire de lunettes et évoluez dans l'univers enrichi qui se présente devant vous, intégrant objets virtuels dans le réel (celui-ci étant visible directement, en transparence). Voici donc un concept de réalité augmentée (tel qu'il existe depuis des années, par exemple chez Total Immersion), auquel s'ajoutent des capacités d'interaction inédites.

En inventant un mode radicalement nouveau d'interaction homme-machine, l'idée est extrêmement ambitieuse et c'est ici la capacité (historiquement déficiente) de Microsoft à créer un marché qui soulève question. D'autant que son produit ne va résolument pas dans le sens des tendances du moment – avec une vocation « portable » mais pas « mobile » – et que sa proposition de valeur, focalisée d'abord sur quelques applications (notamment professionnelles et ludiques), ne laisse pas particulièrement entrevoir l'émergence d'un besoin universel.

Conclusion ? Entre un Windows qui tente de corriger ses erreurs passées et s'enfonce dans une dangereuse logique multi-appareils, un OVNI en forme de tableau blanc interactif et une paire de lunettes au destin au mieux lointain, il subsiste un trou béant dans la stratégie, du côté du mobile et des objets connectés. Car le système qui est promis à ces équipements n'évolue pas significativement, alors qu'il peine clairement à s'imposer (une grande banque américaine abandonnant son application pour Windows Phone est un signe qui ne trompe pas).

L'avenir de Microsoft repose aujourd'hui sur des paris très risqués. Il est difficile de voir HoloLens comme la voie de la rédemption, tandis que Windows 10 pourrait lui faire perdre encore un peu plus de parts de marché : que restera-t-il alors ?

vendredi 23 janvier 2015

Hello Soda s'attaque aux agences de scoring

Hello Soda
Les nouvelles méthodes d'analyse de données combinées à la profusion d'information que produit le monde numérique moderne ont fait naître un véritable écosystème autour du risque de défaut sur les crédits. Une jeune pousse britannique, Hello Soda, veut maintenant créer une agence de scoring universel, en exploitant la même approche.

L'idée d'appliquer les pratiques des « big data » afin d'estimer la fiabilité des emprunteurs n'est pas nouvelle. Elle est au cœur des modèles opérationnels de plusieurs startups spécialisées, telles que Kreditech ou Lenddo, pour n'en citer que deux des plus connues. Leur principe de fonctionnement consiste à explorer le web public  – dont, en particulier, les médias sociaux – et en extraire toutes les données disponibles, structurées ou non, sur la personne à « noter ». Des algorithmes propriétaires déterminent alors sa « fiabilité » en analysant cette masse d'information.

Dans le cas de Hello Soda, ce sont plus de 13 000 sources différentes qui seraient exploitées, dans sa solution phare « Profile ». Sur cette gigantesque base, elle met en œuvre une vaste panoplie de disciplines, des réseaux Bayésiens à la psycho-linguistique, en passant par le traitement du langage naturel (afin d'extraire le sens d'un texte), l'apprentissage automatique (qui lui permet de continuellement progresser et devenir toujours plus précise et plus efficace) ou encore des techniques d'intelligence artificielle. Le résultat est un profil personnel, utilisable dans de multiples circonstances.

Hello Soda - Profile

Car il s'agit là de la principale spécificité de Hello Soda par rapport à ses consœurs : le scoring de crédit n'est que l'une des facettes de sa proposition de valeur, parmi d'autres. Ses cibles privilégiées s'étendent aussi au secteur de l'assurance, voire aux jeux en ligne, auxquels elle offre ses services, de détection de fraude, de connaissance du client, de vérification de la solvabilité… En fait, sa plate-forme, accessible dans le cloud, est capable de fournir des informations de toutes sortes sur les consommateurs.

En l'espèce, les promesses de la startup sont tellement détaillées qu'elles ont de quoi inquiéter : la vérification de l'adresse, de l'âge, de l'emploi déclaré… et la détection de comptes factices sur les réseaux sociaux ne sont qu'une petite partie de ses capacités. Ainsi, elle se dit également capable d'identifier les centres d'intérêt et les activités des internautes à travers leurs écrits, repérer les événements importants de leur vie (mariage, naissance, promotion, déménagement…), sélectionner les meilleurs moments pour leur envoyer une promotion parfaitement personnalisée…

Bien sûr, nous savions déjà (n'est-ce-pas ?) que les champions de l'analyse de données étaient susceptibles de tout connaître de notre vie, grâce aux traces numériques que nous laissons partout sur le web. Il est certainement encore plus dérangeant de voir ces algorithmes indiscrets mis à la disposition de toute entreprise intéressée par notre personnalité intime. En dépit de ses vertus pour sa cible de clientèle, la solution de Hello Soda est peut-être en train d'atteindre (et dépasser) une frontière à ne pas franchir.

En parallèle, Lenddo vient tout juste d'annoncer la commercialisation de son moteur de scoring et de vérification d'identité auprès des banques (un de ses premiers clients est Banko, aux Philippines), organismes de crédit et autres places de marché en ligne du monde entier. Un nouveau modèle est donc en train de se créer…

jeudi 22 janvier 2015

Groupama Banque parie sur le crowdfunding

Groupama Banque
Dix ans après son invention, le « crowdfunding » s'affirme progressivement comme un instrument incontournable du secteur financier. En devenant la première institution française à adopter ce modèle à grande échelle (avec la jeune pousse Unilend), Groupama Banque renforce aujourd'hui cette tendance dans l'hexagone.

L'annonce est en effet significative, puisque la filiale de l'assureur mutualiste déclare vouloir investir 100 millions d'euros sur les 4 années à venir, somme qui sera destinée à contribuer au financement des projets exposés par les entrepreneurs sur la plate-forme d'Unilend. Rappelons que cette dernière offre une solution de crédit P2P (de « pair à pair ») aux petites et moyennes entreprises, pour des montants pouvant atteindre 250 000 euros. La banque participera donc aux prêts accordés aux sociétés demandeuses, aux côtés des particuliers qui constituent la cible initiale de la startup.

Par rapport au concept original de « crowdfunding », il s'agit de fait d'une transition vers une approche hybride, où le grand public et des institutionnels se répartissent les opportunités d'investissement. Une telle évolution a déjà été opérée par quelques poids-lourds de la finance participative, au point de pouvoir même affirmer que Lending Club lui doit l'essentiel de son succès. La raison en est simplement l'effet d'échelle que représente l'intervention d'entreprises au portefeuille bien garni (il suffit de comparer les 100 millions promis aux 7,5 millions prêtés à ce jour par Unilend).

Partenariat Groupama Banque - Unilend

La preuve est ainsi apportée, comme le souligne Groupama Banque, que le « crowdfunding » ne doit pas nécessairement être perçu comme une menace (ou une nouvelle concurrence) par les établissements traditionnels et qu'une stratégie de partenariat est non seulement viable mais probablement bénéfique pour toutes les parties : les fonds mis à disposition des entrepreneurs sont plus importants, la startup atteindra plus rapidement un volume critique (et son point d'équilibre), tandis que la banque s'ouvre à un marché qu'elle ne sait pas adresser seule.

Sur cet aspect spécifique, il faut d'ailleurs souligner la lucidité de Groupama, qui reconnaît implicitement à travers cet accord la valeur du modèle de la finance participative et sa propre incapacité à le reproduire efficacement, malgré son expérience du crédit. La démarche pourrait encore être prolongée, comme le suggère l'exemple tout frais de RBS au Royaume-Uni (certes fortement stimulé par les menaces réglementaires), en intégrant les prêts P2P d'Unilend aux solutions de financement offertes aux entreprises, en particulier lorsque leurs demandes « classiques » sont rejetées.

Ce premier partenariat sera-t-il suivi par d'autres ? Il est assez logique pour un établissement de taille moyenne de choisir cette voie pour son développement car, ses capacités d'investissement étant relativement limitées, il est plus enclin à combiner ses forces avec d'autres acteurs. Cependant, pour des raisons différentes, les grands groupes auraient tout intérêt à copier son exemple : selon une analyse publiée par The Economist, la différence de coûts entre Lending Club et les banques montre l'impossibilité structurelle pour les secondes de se lancer profitablement dans ce genre d'activité.

mercredi 21 janvier 2015

Des agences Barclays transformées en écoles

Barclays Bank
Décidément, les idées ne manquent pas, chez Barclays, pour réinventer la vocation de ses agences bancaires, dont la fréquentation est en forte baisse depuis plusieurs années. Après avoir inauguré l'hébergement de startups, elle propose maintenant d'y accueillir et accompagner les enfants qui souhaitent apprendre à développer des logiciels.

L'initiative « Barclays Code Playground » surfe sur la vague actuelle de popularité de cette discipline, introduite depuis la rentrée 2014 dans les curriculums scolaires britanniques. Quoi qu'on puisse penser de cette réforme (j'ai déjà eu l'occasion d'exprimer mon scepticisme), une assistance en la matière sera bienvenue chez de nombreux parents, désemparés de ne pouvoir aider leurs enfants sur cette matière alors qu'ils en considèrent l'apprentissage important et qu'elle devient la favorite d'un quart des écoliers.

Le dispositif mis en place par Barclays comprend d'abord un espace en ligne, s'adressant directement aux enfants, de préférence sous la supervision d'un adulte, qui pourra d'ailleurs profiter de ces séances pour se familiariser avec les concepts abordés. Dans un univers entièrement graphique, ludique et interactif, le jeune visiteur va découvrir, petit à petit, les principes élémentaires de la programmation de logiciels, grâce à une approche pédagogique simple, parfaitement adaptée à la cible visée.


Une fois cette première étape franchie, il sera temps d'approfondir les compétences acquises. Dans ce but, la banque invite les enfants et les adolescents, de 7 à 17 ans, ainsi que leurs aînés, à poursuivre leur initiation dans une de ses agences participantes. Là, au cours de sessions de 2 heures, un « digital eagle » – c'est-à-dire un des 12 000 employés formés initialement en vue d'aider les clients à appréhender l'univers numérique, dont, notamment, les services bancaires – les accompagnera dans l'enrichissement de leurs talents de développeurs.

La démarche de Barclays ne constitue (évidemment) toujours pas une solution miracle pour la survie à long terme des réseaux d'agences. Cependant, dans une logique de transition vers une infrastructure plus légère, elle possède une certain nombre de vertus remarquables. Elle permet, en particulier, de maintenir une activité pour les « digital eagles » – dont le rôle ne peut être que transitoire – et de continuer à assurer une fréquentation de ses points de vente (aussi par des non clients, le programme étant ouvert à tous), tout en faisant montre de son engagement vis-à-vis de la communauté.

Inversement, peut-être est-ce là une tendance de fond en devenir : l'agence bancaire devenant – totalement ou partiellement, en permanence ou temporairement – un espace de rencontre spécialisé, ouvert aux commerçants et artisans de quartier, aux entrepreneurs, aux enfants… Dans cette hypothèse, il restera tout de même à trouver un modèle économique viable et pérenne…

mardi 20 janvier 2015

Nouvel essai de co-innovation à BNP Paribas

BNP Paribas
Les démarches de co-création se multipliant dans les services financiers en France, il aurait été surprenant que l'une des plus importantes représentantes du secteur ne se lance pas à son tour. L'ouverture de la page Facebook « BNP Paribas Ideas » vient aujourd'hui fédérer les quelques initiatives de la banque verte, auparavant dispersées.

L'idée de faire participer les clients (ainsi que, selon les cas, les partenaires ou même le grand public en général) à la création de nouveaux produits ou à l'amélioration des services existants n'est pas récente. Elle connaît cependant un engouement particulier depuis quelques années, notamment grâce à Internet et à sa faculté de connecter les individus, sans barrières. Dans l'hexagone, les adeptes de cette technique comprennent le Crédit Agricole, Société Générale, Swiss Life, Banque Accord

Chez BNP Paribas, une première tentative de recueillir les avis des clients avait vu le jour il y a 2 ans, avec l'application « Le Lab », qui leur proposait de tester une version non finalisée de ses services mobiles, dans le but de recueillir leurs impressions et de l'améliorer en fonction de leurs commentaires. Hélas, cette expérience a rapidement avorté (aucune suite ne lui a été donnée après la publication initiale), sans que la raison n'en ait été officiellement fournie : désintérêt des consommateurs, excès d'optimisme…?

Avec BNP Paribas Ideas, les ambitions sont revues à la baisse et le projet est plus modeste. Certes, il subsiste un espace dédié aux « beta tests », conservant l'esprit original de la création collaborative d'applications mobiles. Néanmoins, l'utilitaire « Les Bons Comptes » – destiné à gérer la répartition de dépenses collectives dans un groupe – qui est le seul titre concerné à l'heure actuelle (et qui est en réalité dans cette situation de test depuis plusieurs mois), démontre qu'il ne s'agit résolument plus de la priorité.

BNP Paribas Ideas

Ce qui est mis en avant, dorénavant, est le dialogue avec les internautes, autour d'idées et de concepts novateurs pour le domaine bancaire. L'espace « votre avis compte » permet ainsi à BNP Paribas comme à tout visiteur (identifié) de soumettre ses suggestions aux votes de la communauté, éventuellement accompagnés de commentaires. De l'autre côté, les « beta tests » laisseront plutôt la place aux « avant-premières », consistant à faire réagir les personnes aux services numériques en cours d'élaboration, mais sans l'opportunité de les prendre en main.

Et voilà donc un retour à la bonne vieille boîte à idées, remise au goût du jour grâce aux réseaux sociaux. Et, finalement, quelle meilleure utilisation pouvait être faite des plus de 300 000 « fans » de l'établissement sur Facebook ? Alors qu'ils n'étaient jusqu'à maintenant sollicités que pour des jeux publicitaires et via la publication d'informations diverses, ils ont désormais la possibilité de devenir acteurs de la relation et d'apporter leur contribution – aussi modeste soit-elle – aux outils qui leurs seront offerts demain.

L'existence d'une communauté et la création d'une page ouverte aux suggestions ne suffiront pourtant pas à transformer l'essai. Déjà, il est urgent de rendre publics et très visibles les commentaires postés par les internautes et d'autoriser la tenue de véritables discussions sur les idées soumises, conditions indispensables à une créativité efficace. Il faudra ensuite « tenir la distance », ce qui impliquera une animation régulière et de qualité et un suivi extrêmement transparent des progrès accomplis…

La persévérance de la banque, en dépit de ses petits ratés précédents, est de bon augure : elle apprend progressivement à affiner son approche afin de profiter au mieux des bénéfices de la co-innovation. BNP Paribas Ideas n'est pas encore parfaite (sans aucun défaut qui ne soit corrigible, toutefois) et peut compter sur une large audience, presque automatiquement acquise, sur Facebook. Une médaille qui à son revers : tout échec sera immédiatement apparent et susceptible de propagation incontrôlable…

lundi 19 janvier 2015

Banque Populaire s'installe sur la montre des chefs d'entreprise

Banque Populaire
En attendant la sortie de l'Apple Watch, plus ou moins promise pour le premier trimestre 2015, quelques banques affûtent leurs stratégies afin d'être prêtes le moment venu. Avec l'annonce de sa première application pour montre intelligente, Banque Populaire fait le choix original de cibler sa clientèle d'entreprises plutôt que le grand public.

Baptisée Suite Entreprise Watch, cette nouvelle réalisation, dont la publication n'interviendra effectivement que dans les prochaines semaines, sera disponible pour les principaux systèmes d'exploitation dédiés aux montres (celui d'Apple et Android, vraisemblablement). Présentée comme complémentaire des solutions mobiles pour smartphone et tablette existantes, elle sera proposée gratuitement aux utilisateurs de ces dernières. Et la banque promet un niveau de sécurité équivalent, avec chiffrement et signature électronique à l'état de l'art.

Cette précision est extrêmement importante car l'application ne se contente pas uniquement de fonctions de consultation. En effet, si elle permet de suivre les opérations de l'entreprise (sur tous ses comptes, détenus auprès d'une Banque Populaire ou d'un autre établissement) et de recevoir une alerte lors de la mise à disposition d'un nouveau relevé, elle offre également la possibilité de passer en revue les transactions en attente de télétransmission et d'en confirmer l'exécution (ou de les rejeter), d'un simple geste du doigt (en espérant toutefois que l'authentification soit fluide).

Suite Entreprise Watch

Comme dans la plupart des initiatives du secteur (la seule petite exception identifiée à ce jour étant celle de Moven), Banque Populaire adopte une démarche prudente, en se contentant de répliquer sur la montre des options existant sur les autres canaux. Pourtant, sa décision de commencer par le marché des entreprises rend la démarche particulièrement pertinente. Car, tandis que la consultation du solde et des dernières opérations est relativement peu utile pour le consommateur, un accès rapide aux transactions en attente de validation est critique pour les responsables de trésorerie.

Rien ne permet, à ce stade, de prédire le succès ou l'échec futur des montres connectées, surtout auprès d'une population spécifique, mais il est au moins probable que les chefs d'entreprise fassent partie des segments de marché visés. L'application « Suite Entreprise Watch » s'avère donc être une première tentative soigneusement préparée pour atteindre un maximum d'efficacité. Enfin, il faut aussi se réjouir que les clients professionnels soient, pour une fois, servis par leur banque avant les particuliers…!

dimanche 18 janvier 2015

Les hackathons bancaires deviennent créatifs !

Crédit Agricole
Qu'ils aient pour objectif de créer les services de demain ou de détecter les talents cachés, internes ou externes, les hackathons sont rapidement devenus un instrument incontournable de l'innovation dans les institutions financières. La maturité aidant, les thèmes abordés deviennent progressivement plus audacieux.

2014 a été indiscutablement marquée par un formidable engouement pour ce style d'événement. Nous avons pu notamment suivre les initiatives d'AXA, Crédit Mutuel Arkéa, Société Générale, BNP Paribas, Banque Populaire, pour n'en citer que quelques-unes. En ce début d'année 2015, deux banques se lancent – plus ou moins pour la première fois – dans cet exercice toujours passionnant : Crédit Agricole S.A. et Ulster Bank (filiale de RBS). Cependant, leurs approches soulignent une évolution remarquable.

Pour la banque verte, son hackathon, animé par l'incontournable BeMyApp, s'intitule « Game the bank ». Comme son nom l'indique, il n'y sera pas question d'applications de gestion de comptes. L'objectif est en effet de concevoir des jeux – sérieux ou non – autour de l'univers de la finance. Pour ce faire, les participants pourront s'appuyer sur des outils spécialisés (par exemple Unity 3D ou Löve) mais également, s'ils le souhaitent, sur l'API ouverte du Crédit Agricole, qui donne accès – en toute sécurité – aux transactions des clients et à l'exécution de virements.

Le concours « Mobile Banking Factory » organisé par le CA Store en 2014 – et dont le lauréat avait présenté une magnifique application ludique (« Casto Fly »), basée sur un concept proche de Candy Crush – constitue probablement une inspiration forte pour cette session. Cette fois, les réalisations seront mesurées autant sur leur caractère innovant et leur potentiel de commercialisation que sur leur « jouabilité ». Le jury, composé pour moitié de banquiers et pour moitié de professionnels du jeu, sera garant de cet équilibre.

Fidèle à son habitude (et, probablement, à son désir de « peupler » le CA Store), le Crédit Agricole confirme encore une fois son ambition de concrétiser les projets qui verront le jour pendant les 48 heures du hackathon. Dans cette perspective, en sus des récompenses relativement classiques réservées aux 3 meilleures équipes, un prix « incubateur » offrira une opportunité unique de consacrer 2 mois, avec un accompagnement dédié, à la finalisation d'une solution, en vue de sa commercialisation.

Game the Bank!

L'autre manifestation du moment est double, puisque le désormais traditionnel « Hack / Make the Bank », co-organisé par les allemands de l'« Open Bank Project » et l'irlandaise Ulster Bank, se déroulera successivement à Dublin et à Belfast, à 2 semaines d'intervalle. Là encore, au-delà du mot d'ordre général intimant de « contribuer à rendre l'établissement plus agile et plus ouvert à l'horizon 2020 », les défis lancés aux participants, extrêmement diversifiés, sortent pour la plupart de l'ordinaire.

Ainsi, outre la volonté de répondre aux enjeux du XXIème siècle, dont les principaux concernent la rapidité et la facilité d'utilisation, les idées clés de la compétition englobent la banque utile (offrant des services non bancaires), l'inclusion financière (intégrant des exigences de transparence et d'engagement), les usages des nouveaux objets numériques (des smartphones aux drones) ou bien, ici aussi, l'introduction de principes ludiques dans la relation client. Enfin, une mention spéciale est adressée à toutes les solutions susceptibles de « réellement ennuyer Ulster Bank » !

Cette dernière sollicitation reflète finalement tout l'intérêt des hackathons, en tout cas lorsque leur cible est, comme ici, de stimuler la créativité et faire émerger de véritables innovations. À quoi servirait de faire appel à des talents extérieurs afin de réinventer ce que les équipes internes savent déjà (à peu près) faire ? Il est bien plus excitant de capitaliser sur leur enthousiasme pour repousser les limites et imaginer des modèles totalement différents, que les collaborateurs trop profondément immergés dans leur quotidien ne peuvent concevoir.

Créer des jeux capables de faire appréhender la banque autrement aux consommateurs ou développer les applications qui, demain, concurrenceront les acteurs historiques ou exposeront au grand jour leurs carences et leurs faiblesses, voilà des thématiques qui peuvent vraiment faire changer les vieilles institutions ! Et il faut admirer le Crédit Agricole et Ulster Bank, qui osent se remettre en question de la sorte…

Hack / Make the Bank - Ulster Bank

samedi 17 janvier 2015

Marie Quantier, le conseil financier automatisé

Marie Quantier
Jusqu'à maintenant, en dehors de quelques traders invétérés disposant de l'expertise et du temps nécessaires pour gérer leur portefeuille financier et de rares privilégiés bénéficiant d'un conseil haut de gamme, la majorité des français n'avaient accès qu'à des produits aux performances médiocres pour faire fructifier leur épargne.

Désormais, de nouvelles solutions s'offrent à eux, susceptibles de répondre parfaitement à leurs besoins, de simplicité, d'information et de performance. La jeune pousse hexagonale Marie Quantier, qui vient d'annoncer [PDF] officiellement son lancement (bien qu'elle ait commencé à accueillir ses premiers clients dès l'été dernier), est une excellente représentante de cette génération montante de plates-formes de conseil financier entièrement automatisé dont les cousines américaines (Wealthfront, Betterment…) démontrent tout le potentiel.

La cible principale de la startup se situe au sein de l'immense population de consommateurs possédant un petit pécule, de l'ordre de quelques milliers d'euros, souvent déposées sur un livret A, et qui souhaiteraient se constituer un capital sur le long terme, avec un rendement un peu plus élevé que celui des produits réglementés. Parmi eux, les jeunes adultes seront probablement les plus attirés par cette proposition, notamment en vue de préparer une retraite dont ils savent qu'elle leur sera plus difficile à mettre en place qu'à leurs aînés.

L'approche retenue par Marie Quantier pour répondre aux attentes de ces futurs clients est soigneusement équilibrée entre accessibilité et transparence. Dès son inscription, le visiteur est pris par la main : après les formulaires d'identité d'usage (et réglementaires), les questions suivantes portent sur son mode de vie (afin d'établir objectivement sa capacité d'épargne), son profil de risque (évalué par l'intermédiaire de mises en situation concrètes) et sa connaissance des marchés (qui aidera à déterminer les types de placements qui lui seront suggérés).

Dernière étape, le nouvel inscrit choisit son intermédiaire financier, puisque Marie Quantier, n'étant que conseil (agréé par l'AMF), ne gère pas elle-même les portefeuilles de ses clients. A ce stade, Interactive Brokers est privilégié, car une intégration directe permet tout de même à la plate-forme de lui transmettre en un clic les ordres correspondant à ses recommandations. Les autres grands noms sont bien sûr présents (Bourse Direct, Boursorama, ING Direct…) mais, dans ce cas, l'exécution des transactions restera manuelle.

Tableau de bord Marie Quantier

Les algorithmes de la jeune pousse vont alors entrer en jeu et proposer une stratégie d'investissement, répartie entre obligations diverses et fonds indiciels (en ne proposant, évidemment, que les instruments disponibles auprès du broker sélectionné), en fonction de l'état du marché et du profil du client. Une particularité de la solution est de s'appuyer sur l'analyse (automatisée) des grandes tendances économiques mondiales (comme le font les « vrais » experts) pour optimiser la performance et réduire les risques.

En termes de transparence, l'utilisateur dispose de tous les moyens dont il peut rêver pour comprendre les conseils qui lui sont prodigués, depuis la composition précise (sectorielle) du portefeuille recommandé jusqu'aux méthodes d'analyse économique employées, en passant par une estimation sans concession de ses perspectives de gains et pertes maximaux. Par ailleurs, il est aussi permis de personnaliser la composition de titres proposée, tout en conservant la possibilité de vérifier si la version modifiée reste compatible avec les objectifs initiaux.

Côté facilité d'utilisation, Marie Quantier affirme une conviction forte : les consommateurs qu'elle veut séduire n'ont pas envie de perdre du temps à s'occuper de leur portefeuille. Pour satisfaire cette exigence, son modèle consiste à ne revoir la stratégie d'investissement suggérée qu'une à deux fois par an (en particulier en cas d'évolution significative de l'environnement macro-économique), une alerte étant envoyée quand le cas se présente. A chaque fois, les changements peuvent être effectués en 3 clics (ou bien revus à la loupe, au choix du client).

Il faudrait encore citer bien d'autres caractéristiques de l'offre, telles que le moteur d'analyse qui se charge d'estimer la solidité de plus de 3 000 titres, la prise en compte des frais de transaction et de la fiscalité dans la sélection des produits financiers et la visualisation des performances… Dans un aure registre, la startup se rémunère, pour l'instant, via une redevance mensuelle fixe (de 6,90 €), qui pourrait évoluer vers un modèle mixte incluant une prime à la performance. En tous cas, il n'est résolument pas question de commissions sur les transactions !

Avec Marie Quantier (et d'autres), la révolution de l'investissement qui a déjà déferlé outre-Atlantique commence donc à débarquer en France, avec la même promesse d'apporter au grand public le niveau de conseil financier dont jouissent les plus fortunés, pour une fraction du coût, grâce aux technologies (en particulier dans le domaine de l'analyse de données). Elle représente ainsi une menace sérieuse pour les institutions qui ne parviennent pas à mettre la gestion de patrimoine à la portée de tous et dont les fonds collectifs sont désespérément peu attractifs.

vendredi 16 janvier 2015

Une DSI Société Générale s'ouvre au monde

Société Générale
Aujourd'hui, les départements informatiques des grandes institutions financières sont confrontés à des défis sans précédent, qu'il s'agisse de toujours mieux répondre aux attentes de leurs clients, de capitaliser sur le flux constant d'innovation technologique ou encore d'attirer les talents. Société Générale multiplie les initiatives pour s'adapter…

L'une des dernières idées en date consiste, au sein du pôle SGCIB (la banque d'investissement), à accueillir des « meetups » – ces rencontres ouvertes, plus ou moins informelles, autour d'un thème spécifique. En l'occurrence, deux de ces événements se sont déjà déroulés dans les locaux de Société Générale, sur des sujets très techniques : Docker (une solution de gestion optimisée des applications dans le cloud, pour simplifier) en octobre et AngularJS (un framework de développement javascript) en décembre.

Certes, cela peut ne pas paraître très sexy en dehors des cercles d'initiés – qui sont tout de même assez étendus, si les 250 participants au deuxième meetup constituent un indicateur. Mais, en réalité, la thématique des présentations et des échanges qui s'ensuivent importe peu. La véritable valeur de ces manifestations réside dans le mélange qu'elles engendrent, entre passionnés bénévoles, fondateurs et employés de startups, salariés de PME et de grands groupes (pas uniquement Société Générale)…

En effet, au-delà de leur « prétexte » officiel, les meetups sont avant tout l'occasion pour des personnes issues de divers horizons de confronter leurs idées et de partager leurs expériences. Or, il n'est d'exercice plus salutaire que celui-ci pour stimuler efficacement l'innovation. Et si les entrepreneurs figurent parmi les participants les plus assidus, souvent dans l'optique de faire progresser les produits et les services qu'ils développent, les entreprises peuvent également en tirer parti.

Les bénéfices à retirer de ce mixage de cultures sont innombrables. D'un côté, il peut aider à montrer aux jeunes geeks que l'univers de la banque n'est pas toujours aussi ringard qu'ils peuvent l'imaginer, tandis que des porteurs de projet peuvent profiter de ces occasions pour mieux appréhender les besoins d'entreprises susceptibles d'être leurs futures clientes. A l'inverse, il s'agit d'une opportunité unique pour des salariés de l'institution de découvrir la réalité du fameux « mode startup », quand les cycles de développement se mesurent en jour et non en mois.

Plus largement, ce type d'approche n'est pas uniquement applicable aux populations informatiques. Les autres métiers de la finance peuvent tout autant s'enrichir d'une immersion, même éphémère, dans un environnement accueillant, ouvert et mélangé, que l'écosystème florissant de la « fintech » est désormais capable de concrétiser.

Meetup AngularJS à Société Générale
Photo extraite du fil Twitter SG InsideIT

jeudi 15 janvier 2015

Connaissez-vous le « Tweet Banking » ?

Jifi
Jifi existe [PDF] depuis mars dernier mais je ne la découvre que maintenant, à l'occasion du lancement d'un nouveau produit d'épargne. Sous cette marque, l'indienne Kotak Mahindra Bank propose à sa clientèle jeune une solution particulièrement originale, puisqu'il s'agit d'un compte bancaire directement intégré avec le réseau social Twitter.

Cette offre étonnante repose, pour l'essentiel, sur les mêmes services que la gamme classique de l'établissement : accès au réseau d'agence et de GAB, carte de paiement (Visa), programme de fidélité, outil de suivi de budget, services en ligne et par téléphone… Sa seule différence est donc la possibilité de conduire un certain nombre de transactions via Twitter, sur un mode semblable à celui existant par SMS, toujours très populaire en Inde (et dans beaucoup d'autres pays émergents).

Le principe de fonctionnement est d'ailleurs tout aussi simple. L'utilisateur doit d'abord lier son profil Twitter à son compte bancaire, grâce à une option disponible dans son espace privé en ligne. Dès lors, quand il veut réaliser une opération, il lui suffit d'envoyer un message privé – confidentialité oblige, les réponses étant transmises de la même manière – à l'adresse de l'institution financière (@kotaksync), en respectant le format de hashtags préconisé (exemple : #JifiBal pour obtenir le solde du compte).

Naturellement, pour des raisons évidentes de sécurité, les fonctions accessibles par l'intermédiaire du réseau social sont limitées. Il est possible d'obtenir toutes sortes d'informations sur les comptes détenus : soldes, dernières opérations, envoi de relevés par messagerie, demande et suivi des commandes de chéquier… Un peu moins anodin, il est aussi permis de recharger un compte de téléphonie mobile ou un service de télévision prépayée. Mais point de virement par Twitter, donc.

Jifi Saver

En lançant ce produit, Kotak visait une population, en forte croissance en Inde, de jeunes adultes mordus d'internet mobile et de médias sociaux. Cette cible recouvre probablement une certaine réalité, puisque, en 10 mois, plus de 28 000 consommateurs semblent avoir été conquis par la proposition marketing de Jifi. Il reste que le choix de Twitter pour interagir avec la banque (qui concerne moins de 300 personnes à ce jour) ressemble plus à une volonté de se distinguer de la concurrence (notamment ICICI, fortement présente sur Facebook) qu'à un véritable besoin d'usage.

En écho, et même si les contextes sont extrêmement différents, il est difficile de ne pas établir un parallèle avec la tentative de BPCE de déployer le paiement via Twitter en France, avec S-Money. Après des débuts prometteurs, en particulier à l'occasion du Téléthon, l'utilisation en est aujourd'hui totalement retombée (une recherche sur le réseau social montre tout au plus une poignée de transactions chaque jour…). Peut-être faudrait-il admettre que le modèle de Twitter n'est pas compatible avec les services financiers, au moins pour l'exécution de transactions « classiques » ?

mercredi 14 janvier 2015

Boursorama, la banque de demain… ou presque

Boursorama
En ce début d'année, Boursorama dévoile plusieurs nouveautés, confirmant son ambition de définir la « banque du futur » en France. Si cette cible n'est pas réellement atteinte, faute d'originalité pour une majorité des services ajoutés, quelques idées laissent malgré tout entrevoir ce que l'avenir pourrait nous réserver.

Tout d'abord, les changements vont dans la bonne direction. La refonte de l'ancien MoneyCenter – la solution de PFM (gestion de finances personnelles) de Boursorama – est une occasion de l'enrichir, avec un accès aux comptes courants et d'épargne réglementée détenus dans 173 établissements, et de l'intégrer directement au cœur de l'espace de services en ligne. Celui-ci étant identique sur tous les supports, l'utilisateur dispose désormais d'une vue intégrale de ses comptes, sur PC, sur mobile ou sur tablette, avec une interface parfaitement adaptée à chaque écran.

Autre addition marquante, un coffre-fort numérique propose au client de stocker ses documents importants. Il se voit même compléter d'une fonction de capture des factures : une simple configuration permet de récupérer automatiquement les documents produits par les opérateurs de télécommunication, les fournisseurs d'énergie, le Trésor Public et plus de 600 autres partenaires, de les conserver en toute sécurité et de les associer, sans aucune intervention manuelle, aux transactions de paiement correspondantes.

Ce sont là deux services pratiques et potentiellement utiles, mais qui ne sont pas inédits et qui ne révolutionneront pas la banque de 2015. Le PFM, en particulier, reste tristement cantonné à sa dimension première d'analyse du budget passé, sans la moindre tentative d'assistance pro-active (prédictive) à la gestion des finances personnelles. Pour l'instant, l'innovation la plus significative reste Boursoshop, la boutique en ligne déjà évoquée lors de sa sortie, et dont il est confirmé qu'elle sera prochainement étendue à d'autres domaines que la vente de véhicules d'occasion.

Boursorama Banque du Futur

Est-ce tout ? Pas tout à fait, mais la partie la plus intéressante des annonces de Boursorama pourrait facilement passer inaperçue tant elle est anodine. Il est ainsi question d'alertes personnalisées et de changements de plafond de carte ou de découvert autorisé. Le point commun de ces 3 options est qu'elles opèrent en temps réel. Le client peut, par exemple, choisir de recevoir un SMS instantanément après une dépense dépassant un certain montant ou le rapprochant dangereusement de son plafond. Dans ce dernier cas, il peut, en quelques clics, rehausser la limite, effective immédiatement.

Voilà donc la première esquisse – aussi modeste soit-elle – de la banque de demain : celle qui connaît le contexte et l'environnement du client, qui prévient ses besoins et lui propose spontanément de les combler, sans attente. Hélas, la frustration est d'autant plus forte lorsque l'effort s'arrête brutalement en cours de route. Exemple trivial : Pourquoi les transactions ne sont-elles pas immédiatement intégrées dans le « reste à dépenser » (qui n'est d'ailleurs pas matérialisé en tant que tel) alors qu'elles sont prises en compte dans la seconde pour le contrôle du plafond ?

Pire encore, le solde de compte présenté à l'utilisateur intègre plus ou moins implicitement le découvert autorisé : si je dispose de 1 000 € sur mon compte et que j'ai droit à 5 000 € de dépassement, le service affiche un « solde disponible » de 6 000 €, sans même prendre le soin de détailler très visiblement les frais que je peux encourir en cas d'utilisation de la réserve. A travers ces deux faux-pas, la qualité qui manque clairement ici est la transparence totale qu'exigent aujourd'hui les consommateurs sur leurs finances personnelles et sur les offres de leur banque…

En synthèse, la vision que nous propose Boursorama est en progrès sensible par rapport à ce que proposent la plupart de ses concurrentes (le PFM intégré et ouvert aux autres établissements reste unique), mais il faut espérer que la véritable banque de demain sera encore plus proche des attentes de ses clients. Il reste donc du chemin à parcourir